Color field painting
Étroitement relié à l’expressionnisme abstrait, le color field painting (peinture en champs de couleur) est un mouvement né à New York dans les années 1940 et 1950 en réaction à l’action painting.
Contrairement à l’action painting, les artistes de ce nouveau mouvement expressionniste vont travailler avec des grandes étendues de couleur plate et solide qui créent des plans ininterrompus et supprimant toute profondeur dans leur toile. Ses principaux représentants sont : Mark Rothko, Adolph Gottlieb, Clyfford Still et Barnet Newman.
Mark Rothko
Peintre américain d’origine russe, Mark Rothko (1903-1970) émigre aux États-Unis en 1913 et se forme à New York avec M. Weber. Ses premières œuvres sont figuratives et de style expressionniste. En 1935, il fonde avec Gottlieb le groupe The Ten. Son intérêt pour l’automatisme surréaliste se conjuguant avec un goût pour la richesse de la couleur inspiré de Matisse, aboutit, après-guerre, à une peinture abstraite caractérisée par des grandes nappes de couleur ; les formes rectangulaires aux contours flous et apparemment mouvants sur le fond sont disposées en fonction d’une recherche subtile de rapports chromatiques (Number 10, 1950). Avec Clyfford Still, Barnet Newman et Ad Reinhard, Rothko est un acteur de premier ordre de la color field abstraction, mouvement qui représente, dans le cadre de la recherche abstraite américaine après 1945, le pôle opposé à l’action painting.
Dans les années 30, Rothko peignit des scènes urbaines, et c’est de là qui surgirent les thèmes spatiaux et affectifs auxquels il allait donner plus tard une extraordinaire expression dans sa peinture abstraite.
Barnett Newman
Après avoir étudié la peinture, puis la philosophie, Barnett Newman (New York 1905-1970) décide de se consacrer à la peinture en 1933. Ses premières œuvres sont des abstractions inspirées des arts primitifs des Indiens où il adopte la technique de l’automatisme (La Mort d’Euclide, 1947). Parallèlement, il réalise de nombreux dessins où la ligne verticale s’impose de plus en plus, et ses recherches aboutissent à des toiles quasiment monochromes, rythmées par des bandes verticales (Onement I, 1948). Dès 1949, il travaille sur des toiles de grand format où il accorde une valeur prééminente à la couleur pure, qui semble s’étendre hors des limites du cadre ; la touche neutre évacue toute émotion tactile, les bandes verticales sont de largeurs variables et de couleurs différentes (Vir Heroicus Sublimis, 1950-51). À partir de 1957, le noir et le blanc prédominent dans ses tableaux (Shining Forth, 1961) et dans le cycles mystiques comme dans les Stations de la croix (1958-66) ou Canto (1963).
Adolph Gottlieb
Adolph Gottlieb (New York 1903-1974) est l’un des principaux représentants américains de l’expressionnisme abstrait. Après de recherches sur les hiéroglyphes de l’Antiquité et les totems amérindiens, il réalise des scènes de la vie américaine qui aboutiront aux « pictogrammes » exécutés de 1942 à 1952. Puis il peint des « paysages imaginaires » où les motifs circulaires prennent une place primordiale (Blast I, 1957). Il s’oriente ensuite vers des formes plus monumentales, se rapprochant ainsi des peintres color field dans la série Burst (éclatement) où le champ pictural laisse une importance grandissante au monochrome.
Clyfford Still
Clyfford Still (Grandin N. Dakota1904 – Baltimore 1981) après des études d’art à Washington, il commence a peindre des toiles en réaction contre le Cubisme et l’abstraction géométrique, où l’on aperçoit l’influence des toiles atmosphériques de Turner et les aplats de Gauguin et de Matisse. Dans les années 30, il peint des paysages américains et des personnages déformés qui aboutissent à la série semi-abstraite de Totem Fantasy en 1940. Peu à peu, sa peinture oppose les couleurs claires et obscures, la ligne se déchiquette (Self portrait, 1945) et toute référence figurative est évacuée. En 1948-49, le noir envahit presque tout le tableau, mais à partir de 1950 Still utilise à nouveau la couleur avec une texture plus légère, laissant des zones de toile non peinte (Yellow, 1951). Il commence à peindre dès cette époque des toiles de grand format, éliminant ainsi la référence à la peinture de chevalet et supprimant tout titre explicite (1962 D, 1962) où il s’exprime par des grandes nappes de couleurs fracturées et déchirées par des zones claires.