L’inclassable et mystérieux Léon Spilliaert est l’homme des solitudes inquiétantes, des perspectives infinies. Entre interrogations métaphysiques et culture flamande, il surprend, déroute par des œuvres inclassables, inventant un symbolisme de la nuit intérieure qui marquera l’art belge. Il se nourrit des œuvres picturales d’Odilon Redon ou James Ensor mais aussi des écrits d’Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck. Toutefois, s’il subit l’influence du symbolisme fin de siècle, son œuvre s’étend au-delà. L’exposition du musée d’Orsay, la première en France depuis près de 40 ans, se concentrera sur les années 1900 à 1919, les plus intenses de Spilliaert, et présentera ses œuvres les plus radicales. Le parcours d’exposition s’intéresse aux années les plus intenses de la création de Léon Spilliaert (1896 et 1919). Il ne s’agit pas d’une rétrospective monographique qui souhaite aborder tous les aspects de son œuvre, mais d’une exposition qui met en lumière l’atmosphère intense et particulière de celle-ci. Quasiment autodidacte, l’artiste est inspiré par la littérature de ses contemporains et amis (Emile Verhaeren, Maurice Maeterlinck). Il dessine et peint à l’encre des figures fantomatiques et des visages-masques qui évoquent parfois l’univers de Munch.
Les visages hallucinés de Spilliaert flirtent avec l’expressionnisme ; ses paysages épurés semblent annoncer le minimalisme. En 1907, alors qu’il avait une vingtaine d’années et qu’il vivait et travaillait dans la maison de ses parents sur la côte belge, il trouvait son sujet à portée de main : la plage, la mer et sa propre personne, représentée dans des autoportraits dramatiquement éclairés comme l’Autoportrait du Metropolitan Museum où il se montre sur une chaise, sa planche à dessin posée devant lui. Bien qu’il soit entouré d’objets quotidiens – un portemanteau, un parapluie et une lampe à gaz – le double reflet des miroirs à l’arrière-plan ajoute une note d’étrangeté à la scène.