La Fondation Beyeler présente un ensemble d’œuvres d’Edward Hopper (1882-1967), l’un des principaux peintres américains du XXe siècle. Formé à New York, Hopper réside en Europe de 1906 à 1910 et parfait ainsi sa culture figurative, sans pour autant se rapprocher de l’avantgarde. Au contraire, à son retour à New York, il se consacre patiemment à la gravure. Ce n’est qu’entre 1924 et 1927 qu’il commence à réaliser des aquarelles et des huiles. Le succès est immédiat. Hopper devient le principal peintre de l’Amérique entre la Grande Dépression et le New Deal. Les horizons lointains de ses paysages, la banalité des bureaux et des chambres d’hôtel, la malaise nocturne des grandes villes sont peints avec une grande netteté graphique, mais aussi avec quelque chose d’insaisissable. Artiste aux compositions savantes, Hopper calcule les intervalles entre les figures, la géométrie des décors, la porté des lumières, s’en servant comme autant de moyens de parvenir à un lyrisme intense. Organisée en coopération avec le Whitney Museum of American Art de New York, dépositaire de la plus importante collection au monde d’œuvres d’Edward Hopper, l’exposition de la Fondation Beyeler met l’accent sur les représentations iconiques de Hopper des étendues infinies des paysages naturels et urbains de l’Amérique.
Dans ses paysages, Hopper exprime le sentiment de solitude, d’éloignement. La plupart du temps, il s’agit de vues anonymes, dont est inutile de chercher l’emplacement géographique exact. Hopper est attiré par les chambres d’hôtel. Les visages, les existences, les sentiments changent chaque jour.
Hopper est considéré comme l’un des principaux représentants du réalisme américain pour le regard singulier qu’il porte sur la vie moderne. Le désenchantement, la solitude, les espaces, les silences, les lumières d’une Amérique provinciale confèrent aux toiles de Hopper un charme profond, qui semble anticiper les décors, les situations, les personnages de cinema. Et ce d’autant plus que Wim Wenders, mythique réalisateur entre autres de Paris Texas (1984), est l’un des rouages artistiques forts de l’exposition. Réalisé pour l’occasion, son court-métrage en 3D, Two or Three Things I Know about Edward Hopper, est projeté au terme d’un beau parcours de chefs-d’œuvre emblématiques.