Une remarquable exposition ce printemps et été au Musée Guggenheim Bilbao dédiée à l’artiste américaine Helen Frankenthaler (1928-2011) qui a joué un rôle essentiel dans la transition de l’expressionnisme abstrait à la peinture de champs de couleur (Colour Field Painting). L’artiste, connue pour avoir inventé la technique du « tremper-tacher » et dont l’expérimentation constante a duré six décennies, a conçu un ensemble considérable d’œuvres sur toile et sur papier, ainsi que des sculptures, des céramiques, des tapisseries et des œuvres graphiques.

Au début des années 1950, Helen Frankenthaler mène une vie de bohème dans le Lower Manhattan lorsqu’elle découvre à la Betty Parsons Gallery les peintures de Jackson Pollock, dont les abstractions gestuelles marquent profondement la jeune artiste. À la technique de Pollock, elle développe son empreinte personnelle jusqu’à devenir un des membres du groupe des expressionnistes abstraits. En 1960 elle épouse Robert Motherwell, l’un des ses fondateurs, marquant une nouvelle orientation dans son œuvre picturale.

Dans les années 1970, trouvant une nouvelle liberté après son divorce d’avec Motherwell, il quitte New York et après avoir voyagé en Europe, acquiert une propriété près de Big Apple, à Shippan Point, où il construit un atelier-logement. De son salon, Frankenthaler jouit d’une excellente vue sur le Long Island Sound. Les paysages marins, ainsi que les paysages terrestres, ont été le point de départ d’un autre type d’abstraction picturale, tonale et atmosphérique.

Après une période sombre des années 1980, évident dans des tableaux comme Thresholds, Frankenthaler est retournée à la recherche de la beauté et de la vivacité des couleurs qui lui sont inhérentes, comme dans Janus, de 1990 avec ses ombres et lumières.

L’exposition du musée Guggenheim Bilbao retrace les différentes étapes de cette artiste importante dans l’histoire de l’art contemporain. Quelle que soit son approche, le résultat recherché était, selon elle, une « belle peinture » qui ressemblait « à un nouveau-né, quel que soit le nombre d’heures, de semaines ou d’années qu’elle avait investies dans sa création ». Frankenthaler a continué à peindre jusqu’à la fin de sa vie.