L’exposition « L’art est dans la rue » présentée au musée d’Orsay du 18 mars au 6 juillet 2025 permet de revenir sur un phénomène fondateur dans les sociétés contemporaines, celui de l’inflation des images dans l’espace public. Romans feuilletons illustrés de grandes gravures, dessins comiques dans la presse de divertissement et affiches publicitaires font tourner les presses. C’est toute une culture qui se décline au théâtre et bientôt au cinéma, reprenant tour à tour les grands succès d’édition. L’imaginaire médiatique qui en découle contribue à forger nos représentations du crime, des confins coloniaux ou des relations entre les sexes, dans lesquelles les archétypes ont la vie dure…
Murs peints, affiches placardées, colonnes « Morris » et autres hommes-sandwiches animent la ville moderne. Plus les capitales s’agrandissent plus les images prolifèrent, contribuant à sculpter l’identité nationale, politique et culturelle des Français. Le rêve d’une consommation de masse poursuivi par le capitalisme galopant ajoute une nouvelle couche d’images sur les murs de Paris. Comment s’est forgé le mythe de ville spectacle ? Quand les images de la ville invitent au voyage permanent, entre commémoration républicaine et vogue touristique.
L’exposition L’art est dans la rue aborde sous un angle neuf et dynamique les nouvelles imageries urbaines de la période que connaît la France de la fin du XIXe siècle au début de la Première Guerre mondiale. Tandis que l’affiche en couleurs est exposée sur les murs de la capitale, se multiplient les signes publicitaires célébrant la fantasmagorie de la ville marchande, de la société du spectacle et des expositions universelles. Les images et les imprimés de grande diffusion contribuent à l’essor de la culture de masse et des médias.
« Où il n’y a pas d’église, je regarde les enseignes » déclarait Victor Hugo. Sans attendre la rénovation urbaine menée tambour battant par le Baron Haussmann, les murs parisiens se sont couverts de lettres, d’enseignes de magasin et de graffitis. Les artistes comme Gustave Doré, Camille Pissarro, Maximilien Luce ou Raoul Dufy s’emparent de cette nouvelle opportunité commerciale et apportent leur contribution au livre illustré à ciel ouvert qu’est Paris.