Bonnard et le Japon

(Jusqu'au 06-10-2024)

En 2024, l’Hôtel de Caumont consacre son exposition d’été au génie de Pierre Bonnard et à l’influence de l’art du Japon sur ce dernier. Il s’agit de la première exposition sur le sujet, qui permettra de montrer comment Bonnard – celui que l’on surnommait autrefois le « Nabi très Japonard » – a intégré dans son traitement de l’espace, du temps et du mouvement, l’esthétique de l’art japonais, pour créer des œuvres en rupture avec le naturalisme et l’impressionnisme. Les œuvres du peintre français sont exposées en regard d’estampes japonaises afin d’illustrer leurs correspondances et leurs affinités formelles, ainsi que l’importance de cette source d’inspiration pour l’artiste.

Terrasse dans le Midi, vers 1925, Pierre Bonnard, Grenoble, Fondation Glénat.

À partir des années 1860 et pendant près d’un demi-siècle, un engouement pour tout ce qui vient du Japon se manifeste en France puis en Angleterre, notamment à travers la première participation du Japon à l’Exposition universelle de 1867. Bonnard, lui, s’intéresse très tôt aux caractéristiques des estampes de l’ukiyo-e, terme japonais signifiant « image du monde flottant ». L’exposition d’estampes japonaises à l’École des Beaux-arts au printemps 1890 est une véritable révélation pour lui. Il se détourne dès lors de la représentation du réel et adopte de nouveaux principes esthétiques comme la souplesse des mouvements, le contraste des couleurs, les lignes en arabesques, le goût prononcé du décor et des éléments stylisés, ou encore l’aplanissement de l’espace. Dès lors, le style de Bonnard est véritablement empreint de japonisme, le peintre collectionnera des estampes jusqu’à la fin de sa vie comme en atteste une note dans son carnet de comptes concernant l’acquisition de rouleaux d’estampes japonaises en 1946.

Nu gris de profil, vers 1933, Vienne Musée Albertine ; L’Amandier en fleurs, vers 1930,
Le Cannet, Musée Bonnard.
La nappe blanche, 1925, Pierre Bonnard, Wuppertal Heydt-Museum.

Grâce à la générosité des musées français et étrangers et à celle de collectionneurs particuliers, l’exposition présente de nombreuses œuvres exceptionnelles de Bonnard, jamais ou rarement vues en France comme Les deux caniches, Le Bar, L’Omnibus, La Place Clichy, Le Jardin de Paris, Conversation provençale, La Nappe blanche, Le Dessert, Le Nu gris de profil et beaucoup d’autres encore. Toutes participent à la pertinence du sujet tout en permettant de montrer les multiples facettes du talent de Pierre Bonnard, peintre de scènes intimistes, de paysages, de portraits, de décors mais aussi dessinateur hors-pair et graveur de talent. L’exposition comprend également de nombreuses estampes japonaises provenant de la collection de Georges Leskowicz, qui sont des chefs-d’œuvre comme La grande vague d’Hokusai ainsi que de nombreuses feuilles signées Hiroshige, Utamaro, Kuniyoshi, Eisen.