Oskar Kokoschka

(jusqu'au 10-04-2019 )

Le Kunsthaus Zürich présente l’exposition Oskar Kokoschka, expressionniste, migrant et citoyen du monde, et lui consacre sa première grande rétrospective depuis 30 ans en Suisse. Parmi les 200 œuvres présentées, on notera surtout le triptyque monumental intitulé La saga de Prométhée ainsi que la Fresque pour Alma Mahler, qui sont exposés pour la première fois en Suisse. Comme Francis Picabia et Pablo Picasso, Oskar Kokoschka (1886–1980) fait partie de cette génération de peintres restés fidèles à la peinture figurative alors que l’abstraction renforçait sa prédominance, après la Seconde Guerre mondiale. Si aujourd’hui la figuration et l’art abstrait peuvent être pratiqués côte à côte, sans guerres de tranchées idéologiques, c’est aussi grâce à eux. Les artistes contemporains se réclament tout particulièrement de Kokoschka. Explicitement ou implicitement, des peintres comme Nancy Spero, Georg Baselitz, Herbert Brandl et Denis Savary s’inspirent de sa manière expressionniste. Ils admirent la gestuelle expressive de son coup de pinceau, saluent son ouverture sur le monde, ou partagent l’attitude pacifiste qui imprègne l’œuvre, la vie et l’héritage du maître viennois. Bien après sa dernière grande présentation individuelle, en 1986, le Kunsthaus se propose de faire connaître à de nouvelles générations de visiteurs cette œuvre dont le créateur est décédé en 1980 au bord du lac Léman, et dont d’importants pans de la succession se trouvent à Vevey et à Zurich.

Triptyque La saga de Prométhée - Apocalypse, 1950, Oskar Kokoschka, Londres, Courtauld Gallery
Triptyque La saga de Prométhée – Apocalypse, 1950, Oskar Kokoschka
(Londres, Courtauld Gallery)

Exilé, Kokoschka devint un ardent défenseur de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme ; un humaniste, dont l’œuvre laisse autant de place aux paysages et aux enfants qu’aux métaphores et aux figures mythologiques qui rappellent l’horreur des deux guerres mondiales, mais aussi la force de l’amour et la beauté de la nature. C’est ce langage artistique de la contestation politique qui fait toute la singularité de Kokoschka et le rend inimitable.

Marianne - Maquis, 1942, Oskar Kokoschka, Londres, Tate Modern
Marianne – Maquis, 1942, Oskar Kokoschka (Londres, Tate Modern)