L’exposition Corot : Le peintre et ses modèles présentée au musée Marmottan Monet est la première manifestation parisienne dédiée à l’artiste depuis la grande rétrospective du Grand Palais organisée en 1996. Présentée au musée Marmottan Monet et placée sous le commissariat de Sébastien Allard, conservateur général du patrimoine et directeur du Département de Peintures du musée du Louvre, l’exposition réunit un ensemble exceptionnel de peintures de figures et célèbre la part la plus personnelle, la plus secrète mais aussi la plus moderne de l’artiste. Connu avant tout pour ses paysages et ses études sur le motif qui ouvrent la voie à la modernité des impressionnistes, Camille Corot fut aussi un peintre de figures. L’exposition rassemble une soixantaine de ces figures provenant des plus prestigieuses collections publiques et privées d’Europe et des États-Unis, et entend rouvrir ce dossier encore trop peu connu. De grands chefs-d’œuvre sont présentés comme la célèbre Femme à la perle, la Dame en bleu du Louvre ou l’impressionnante Italienne de Londres, autrefois dans la collection du peintre Lucian Freud, mais aussi des œuvres, tout aussi éblouissantes, mais rarement vues, comme certains nus. Il s’agit là de la part la plus intime de la production de cet artiste mondialement célébré pour ses paysages.
L’exposition propose de découvrir les portraits qu’il fit de ses proches, et surtout le secret de son atelier où posèrent les modèles les plus fameux de l’époque (comme Emma Dobigny), les mêmes que ceux qui travaillaient, au même moment, pour Manet ou Degas. Car Corot, contemporain de Delacroix, est d’une génération antérieure à celle de la « nouvelle peinture », initié par Degas et Manet; c’est avec ses figures, plus qu’avec ses paysages qu’autour de 1850-60, il entre en dialogue avec eux, comme le montre la Dame en bleu. Cette exposition, qui met au jour le moment de basculement entre romantisme et réalisme, entre romantisme et impressionnisme, apporte un éclairage nouveau sur l’un des génies de la peinture française du XIXe siècle, trop facilement réduit à son activité de paysagiste.