Pop art anglais
Pop art abréviation du terme anglais popular art tendance artistique qui a son origine dans le débat qui naît en Angleterre au début des années 1950, sur la communication de masse et sur la production d’images qui la concerne.
Le critique d’art anglais Lawrence Alloway est le premier à utiliser ce terme. Le Pop art est issu de l’Independent Group qui invitait aux artistes du groupe à puiser leur inspiration dans le cinéma, la publicité et les technologies de la société de consommation. En 1955 et 1956, Alloway organise avec l’Independent Group deux expositions, Man, Machine & Motion et This is Tomorrow, où sont présentées des œuvres d’Hamilton, de Paolozzi, de Banham. D’autres artistes, formés au Royal College de Londres, vont rejoindre ces derniers : Blake, Hockney, R. Smith, Allan Jones, Tilson. Tous s’inspirent de la popular imagerie en proposant, dans leurs œuvres, plusieurs réélaborations personnelles. Le langage pop se diffuse ensuite aux États-Unis, où la nouvelle attention portée à l’objet d’utilisation quotidienne, se greffe, par ailleurs, sur une tradition figurative typique et locale.
Richard Hamilton
Richard Hamilton (Londres 1922-2011) compte parmi les précurseurs les plus importants du pop art européen. Dans son œuvre s’inspire des précurseurs du pop comme Eduardo Paolozzi (1924-2005) avec qui il avait fondé l’Independant Group. Hamilton, plus radical et plus excentrique, manipule et déforme les images proposées par les mass media, les restitue sur des fonds colorés qui les « refroidissent », en les vidant de leur contenu émotionnel. Dans l’exposition organisée par l’Independent Group en 1956 à la Whithechapel Gallery de Londres qui réunissait des œuvres de Hamilton, reproductions d’affiches, un jukebox où sonnaient des chansons pop et un panneau qui reproduisait Robby le Robot du film Le Planète prohibé dans le bout d’associer possibilités créatives et l’intérêt pour les changements technologiques. Dans cette exposition, Hamilton présentait l’œuvre qui est devenue la carte de présentation du pop et « manifeste » de l’exposition Qu’est-ce-qui rend exactement les maisons d’aujourd’hui si différentes, si séduisantes ? Sa recherche pour laquelle il utilise des images photographiques (Hommage à Chrysler Corporation, 1957), la technique du collage, l’aérographe, la peinture à l’huile, concerne notamment les mythes quotidiens de notre temps de confort domestique (Intérieur II, 1964) au fétichisme automobile et à l’érotisme mercantilisé.
Richard Hamilton fait une interprétation réflexive et intensément critique des images symbole de la modernité et du mythe collectif comme celles de Marilyn dans My Marilyn réalisées trois années après la mort de l’artiste. Hamilton utilise des images plus traditionnellement pop et à travers l’utilisation dramatique de la photographie souligne en même temps toute la tragédie .
Richard Hamilton, fut un pionnier dans la réinterprétation critique des images séduisantes de la consommation de masse.
L’image sur laquelle est fondé ce tableau est un photogramme extrait de la comédie musicale hollywoodienne « White Christmas » où l’on voit Bing Crosby dans un hall d’hôtel. Hamilton a traité cette scène en négatif, transformant toutes les valeurs des tons d’origine en valeurs complémentaires. Bing Crosby devient par conséquent noir, et le titre choisi par Hamilton souligne cette ironie.
Le Pop art américain
Après l’Angleterre, le langage pop se diffuse ensuite, à partir de 1959-60, notamment aux États-Unis, où la nouvelle attention portée à l’objet d’utilisation quotidienne se greffe, par ailleurs, sur une tradition figurative typhique et locale faisant référence à la peinture de Hopper et de Sam Davis. La transition de la culture figurative informelle à la culture pop est représentée par la production néo-dadaïste de Robert Rauschenberg et de Jasper Johns (Cible à quatre faces, 1955) où une figuration « objective » apparaît dans le contexte d’une trame culturelle encore liée au expressionnisme abstrait. Le Pop art se développe ensuite pleinement dans les années 60 et se caractérise, en général, par la négation de toute référence à l’émotion subjective et au geste lyrico-dramatique, ainsi que par la large utilisation, apparemment neutre, d’images et d’objets liées aux communications de masses et à la vie quotidienne.
Rauschenberg intègre des matériaux trouvés dans un complexe système de signes et des objets de grande consommation, ou des images de journaux et la multiplicité d’affiches du panorama métropolitain.
Les principaux représentants du Pop art américain sont : Jim Dine, Claes Oldenburg, George Segal, James Rosenquist, Roy Lichtenstein et Andy Warhol. Segal construit des plâtres grandeur nature de figures humaines, fixées dans l’acte d’accomplir des gestes quotidiens dans des environnements ; Rosenquist projette sur d’énormes affiches des images banales et emploie la technique de la superposition et du montage pour les charger d’une simplification menaçante ; Oldenburg élabore dans une dimension déformée et hyperbolique des objets d’utilisation ordinaire et des aliments en plâtre colorée ; Lichtenstein réalise une analyse linguistique démystifiante des images des bandes dessinées ; Warhol s’intéresse au problème de la répétition et produit le même sujet en longues séries de photogrammes, pour souligner l’absence de signifiant. Le Pop art annonce le tournant culturel de 1968, qui marque aussi son dépassement.
Roy Lichtenstein
Roy Lichtenstein (1923-1997) est l’un des représentants les plus importants du Pop art et l’un des innovateurs les plus significatifs de la peinture américaine contemporaine. Il travaille jusqu’en 1957 dans le cadre de l’expressionnisme abstrait et ce n’est qu’en 1962 que son œuvre atteint une définition complète et originale. Comme les autres artistes du groupe, il s’intéresse aux moyens de communication de masse, en tant qu’expression d’une vie mécanisée et négatrice de l’individu ; dans ce but, Lichtenstein isole et agrandit démesurément des images tirées des bandes dessinées les plus banales ou bien repropose, toujours à travers une reproduction désacralisante agrandie au moyen d’un reproducteur, des chefs d’œuvre d’artistes comme Matisse, Mondrian ou Picasso. Depuis 1964, il s’est tourné vers de recherches plastiques et une intense activité graphique, ainsi qu’à la sculpture (Barcelona Head, 1987).
Les œuvres de Lichtenstein ne sont pas vraiment des agrandissements à l’identique de scènes de bandes dessinées. Il s’agit plutôt d’une reproduction sur la toile d’images vues à travers une trame fictive, procédé qui consiste à répartir les couleurs à l’aide d’une grille perforée pour obtenir l’effet d’une reproduction imprimée.
Lichtenstein transfère la technique de la bande dessinée sur la toile. Il peint ses images en les agrandissant de façon à obtenir l’effet d’une reproduction.
Andy Warhol, la technique de répétition
Après avoir travaillé comme graphiste pour la revue américaine Glamour, Andy Warhol (1930-1987) entreprit une glorieuse carrière d’artiste indépendant ; il fut peintre, reporter photographique, écrivain et même producteur de musique pop. Son identification totale au monde de la consommation et de la culture urbaine de masse se reflète dans le choix de sujets contemporains. Warhol transforme en œuvre d’art l’uniformité du produit de masse en réalisant des images répétitives qui vont du portrait de Marilyn aux accidentes d’automobile et des boîtes de soupe Campbell aux bouteilles de Coca-Cola, ces dernières étant par excellence le symbole de l’Amérique contemporaine. Puisque l’art pouvait être utilisé à des fins publicitaires, il était normal que la publicité devint art. Andy Warhol est conscient de l’équivoque commerciale sur laquelle se fonde la fortune du Pop art. Au moment même où il identifie et signale une image symbole de la consommation de masse, Warhol crée à son tour un « mythe ». Il devient aussi complice de cette société de consommation qu’il aurait voulu stigmatiser.
En 1962, Warhol organise sa première exposition monographique, à la galerie Ferus de Los Angeles. À cette époque, la soupe en boite Campbell, très populaire, était disponible en trente-deux variétés dans les supermarchés les mieux approvisionnés. Warhol s’inspire de ce nombre et peint une boite de soupe répliquée trente fois, restituant ainsi l’image de la répétitivité obsessionnelle du produit et de sa présentation dans la société de consommation. Warhol, tout à fait conscient de son opération, est alors prêt à transformer son œuvre en produit de série.
Warhol aborda dans sa série de photo-sérigraphies intitulée Death and Disaster le thème des accidents de la route, du suicide et des affrontements entre la police et les militants des droits civiques. De façon caractéristique, les images sont répétées plusieurs fois, en noir et parfois sur un fond coloré, et imprimées de manière variable et imparfaite. Dans Lavender Disaster (Electric Chair) de 1964, le mot « silence » figure sur un panneau qui surmonte l’une des portes. La technique de répétition qu’utilise Warhol confère à l’image la plus déconcertante et la plus banale monotonie de la vie quotidienne. La chaise électrique, tout autant que la soupe Campbell’s, est envisagée ici comme un élément du mode de vie américain.
La seconde génération du Pop art anglais : David Hockney
David Hockney (Bradford 1937) peintre et graveur anglais, après ses études au Royal College of Art, il s’affirme dans le cadre de la seconde génération du Pop art anglais. Il est marqué dans son œuvre par l’expressionnisme de Bacon, mais traite ses sujets avec humour. Dans la serie de Domestic Interiors, il utilise des images tirées de revues « populaires », les mélangeant avec des graffiti, à l’écriture et à des signes infantiles. Installé aux Etats-Unis depuis 1960, il travaille entre New York (Gravures de la Carrière d’un libertin) et la Californie (série des Piscines : Nik Wilder, 1966) et recourt largement à la photographie comme support de son œuvre.
Ce tableau qui fait partie d’une série de piscines peintes par Hockney à Los Angeles, associe de manière caractéristique un traitement moderniste conscient de la surface au sobre design du décor. La bordure non peinte du tableau accentue l’artifice de la peinture.